Yehouda Ben Porat, mon grand-père, est mort en juillet 2009 à Jérusalem dans l’ancien quartier allemand, dans la partie sud-ouest de la ville.
C’est à partir d’archives et de récits de famille que j’ai entrepris d’écrire et de réinventer son histoire. Un pont entre mythologies et faits historiques.
Il s’agit de l’histoire d’un homme qui a traversé le XXe siècle. Parti de Lituanie en 1934 pour aller vivre en Palestine, Yehouda a traversé les étapes de la construction de l’État d’Israël, de l’idéal du Kibboutz en passant par la tragédie de la Nakba, a parcouru l’Europe d’après la Shoah en tant que soldat dans la Brigade juive de l’armée anglaise puis dirigé et fondé l’Institut de recherche sur l’histoire d’Israël, Yad Ben Tsvi, à partir de 1971.
Alors qu’il reçoit le prix du président de l’État d’Israël pour son travail comme directeur de l’Institut, les idéaux qu’il aura poursuivis toute sa vie sont déjà fissurés. Son rêve presque détruit. Quand il meurt, l’été 2009, j’ai bientôt 30 ans, je me sépare d’une femme et fuis pour le Japon. C’est là, dans les inconnus de Tokyo, que je vais le recroiser et débuter la reconquête de mon histoire.
Nous sommes deux, Yehouda et moi, à nous raconter. Un homme dont l’idéal, la création de l’Etat d’Israël, est devenu un cauchemar, et un jeune homme qui hérite d’une histoire impossible à porter sans la ranimer, la questionner, la mettre en doute, la comprendre, la faire sienne.
Et il y a leurs histoires d’amours impossibles.
Une femme que Yehouda aura aimé toute sa vie sans jamais pouvoir vivre avec elle, et une rupture qui a poussé son petit-fils dans les inconnus du Japon.
D’abord écrits sous forme de nouvelles, ces récits, adaptés à la scène, sont portés par Elios Noël et moi-même. L’écriture se construit dans un aller-retour permanent entre la table de travail et le plateau.
Ces récits questionnent à la fois notre histoire actuelle, le conflit israélo-palestinien, ses conséquences éthiques, sociales, humaines et politiques, et nos histoires intimes.
Quelles vies les fardeaux de l’Histoire passée nous permettent de choisir ? Comment construire sa vie d’adulte avec des fantômes familiaux et historique écrasants ? Quels regards porter aujourd’hui sur le conflit Israélo-Palestinien au delà des appartenances religieuses, nationales, historiques ? Jusqu’où la poursuite d’un idéal peut justifier nos actes ?
David Geselson
Production
Compagnie Lieux-Dits
Coproduction
Théâtre de Vanves, Théâtre de la Bastille
Avec l’aide de la DRAC Île-de-France, d’Arcadi Île-de-France, du Centre National du Théâtre et du Fond de dotation Porosus
Remerciements aux archives du CNC, au Théâtre Nanterre-Amandiers, à La Colline–théâtre national, au Théâtre Paris-Villette, à Lilas-en-Scène, à Confluences et à la Fabrique Mc11
Le texte En Route-Kaddish est lauréat du CNT (mai 2014, aide à la création, catégorie Encouragements)
En résidence au Théâtre de la Colline, à Lilas en Scènes et à Confluences, au Théâtre Paris-Vilette, à La Fabrique MC11 à Montreuil en partenariat avec les Plateaux Solidaires de l’Arcadi, au Théâtre de Vanves dans le cadre de l’aide à la résidence de la Drac Île‑de‑France, au Carreau du Temple dans le cadre de l’incubateur international, et au Théâtre de la Bastille dont elle a bénéficié du soutien technique
La compagnie Lieux-Dits est conventionnée par le ministère de la Culture – DRAC Île-de-France
Le texte En Route-Kaddish est publié aux éditions Lieux-Dits
Écoutez la création radiophonique d’En Route-Kaddish sur France Culture ici